Les arbalètes sont connues depuis l’Antiquité ; les Romains avaient imaginé les premières arbalètes géantes (appelées souvent balistes fig1&2). Hors, ces machines utilisaient des fibres animales tendues retenant un demi-arc, selon R. Beffeyte, ces machines n’ont donc pas existé au Moyen Age.

Seulement, l’arbalète à mainfig3 est restée utilisée tout au long du Moyen Age ; son adaptation à une plus grande dimension a donc demandé un autre principe que la torsion des fibres (principe romain) : on se contenta de changer les dimensions de l’arbalète à main et de la placer sur roues pour son déplacement – d’où un arc en un seul morceau !

Cette arme de siège est connue depuis le XIe siècle, on dut se servir d’un treuil (ou tour – d’où son nom) pour bander l’arc qui pouvait prendre plusieurs milliers de livres de force (par comparaison, un arc médiéval demande une centaine de livres de force pour le tendre). Deux hommes seulement étaient nécessaires à bander l’arc. Cet arc devait certainement être composite (bois, nerf, tendon) ce qui devait le rendre moins puissant sous la pluie ; au XVe siècle, on le remplace par un arc en acier forgé et trempé, insensible aux intempéries.

Ces armes étaient aussi utiles pour détruire les organes défensifs du château que pour la défense : placées en haut des tours, elles ne craignent pas la pluie et leur portée est augmentée ; ainsi, l’arbalète géante de Gresburg (Allemagne) construite en 1336, dépassait les 360 mètres de portée et a empêché toute approche ennemie pendant 10 ans !

Inutile de dire qu’une telle arme obligeait les assiégeants à pousser fort loin leur ligne de contrevallation (augmentant aussi le périmètre à défendre).

Ces armes redoutables pouvaient avoir toutes sortes de tailles et lançaient des carreaux de 1 mètre de long (500 grammes) à plus de 250 mètres avec une bonne précision (sans vent). Un chroniqueur allemand dit qu’une flèche transperça 3 hommes et un cheval avant de se planter dans une porte à 360 mètres !

Des flèches incendiaires étaient également réalisées. Les Romains lançaient des boulets avec les mêmes machines en adaptant la corde (avec un filet ou un sac), mais il n’existe pas de document donnant de telles utilisations au Moyen Age.

On plaçait ces machines en batterie devant les portes, ainsi, si les défenseurs cherchaient à sortir pour détruire le campement (et la ligne de contrevallation), on lâchait la détente ; les carreaux pouvaient ainsi tuer bon nombre de soldats (avec un seul carreau c’est déjà meurtrier ; imaginez plusieurs traits sur des défenseurs rassemblés derrière les portes.)

Une telle puissance devait permettre aussi de détruire les organes défensifs de bois (hourds) placés en haut des murailles et d’atteindre les défenseurs se trouvant derrière !

Certaines machines tiraient plusieurs flèches en même temps. Plusieurs arcs pouvaient également être fixés au même fût et tendus par un seul treuil, ces armes pouvaient alors lancer plusieurs flèches ou lancer une seule avec plus de force.

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