Maintenant que l’arc est fonctionnel, vous pourriez avoir envie de le rendre plus agréable, de le personnaliser ou encore d’améliorer sa durée de vie. C’est désormais le moment de parachever votre arc !
Il faudra en effet réaliser des poupées définitives pour l’arc, mais aussi le poncer, le protéger de la pluie…

Nous vous conseillons cet article traitant des finitions des arcs.

 

LES POUPÉES

La forme des poupées a une certaine importance pour l’efficacité de l’arc et sa résistance dans le temps. Pour être efficaces, elles seront les plus légères possible afin de ne pas alourdir les extrémités des branches. Pour être résistante, la poupée doit être suffisamment épaisse et éviter de créer un point de faiblesse dans le bois.

– ÉVITER LA CASSE –

Quelques éléments doivent être pris en compte pour éviter la casse de l’arc au niveau des poupées :

– Si la poupée doit être la plus fine possible afin de ne pas ralentir la flèche, elle doit tout de même conserver une certaine résistance (au cisaillement surtout). Pour des arcs d’environ 50 livres, il faudra conserver 10 à 15 mm de diamètre (selon que le bois soit résistant ou non), davantage pour les arcs plus puissants et inversement.
En réalité, la section de la branche doit se réduire régulièrement jusqu’à son extrémité. La forme générale obtenue grâce au tillering sur les ¾ de la branche permet donc d’estimer la section nécessaire en fin de branche.
Il est également possible de terminer l’arc sur une section carrée ou rectangulaire selon la forme désirée (mais il ne sera plus possible d’emmancher une cornette).

– Ne pas trop couper les fibres du bois, ce qui pourrait les désolidariser et casser l’arc à cause du choc lors du tir (c’est la poupée qui bloque la corde et stoppe le mouvement en fin de tir, il y a donc une force conséquente).encoches latérales des poupées d'un arc

Les entailles sur le dos de l’arc augmentent les risques de se défibrer puisque l’arc fléchit dans ce sens (effet de cisaillement entre les fibres). Ce type de poupées est donc à éviter, sauf en cas d’ajout de matière sur le dos de l’arc.risque de casse si l'entaille de la poupée de l'arc est située sur son dos

– Autant que possible, l’encoche doit être réalisée avec un angle proche de 45° (arc vu de profil) afin de reporter la traction sur le maximum de surface en fin de mouvement lors du tir. Si les contraintes sont réparties à un endroit précis, le bois risque à nouveau de se désolidariser à cet endroit.répartir les contraintes en réalisant des coches à 45°

– Préférer des encoches arrondies ou avec une coupe à 45°, ce qui permet de mieux assurer la continuité des contraintes dans le bois. Une entaille rectangulaire augmente les risques que le bois se défibre.encoches rondes ou 45° à préférer aux entailels rectangulaires

– Éviter de réaliser des entailles trop profondes qui réduisent la taille du bois restant. Toutefois, des entailles trop superficielles ne retiennent pas suffisamment la corde qui pourrait sauter lors du tir. Une profondeur de 3-4 mm environ est suffisante si la boucle de la corde est bien refermée à la dimension de la poupée.
Ces remarques sont importantes lorsque les poupées sont réalisées directement dans le bois, mais il est utile de les respecter également pour les autres matériaux fibreux, comme la corne (même s’il s’agit d’un matériau plus homogène et résistant).

Pour éviter que les fibres de bois se délient, il sera utile d’enrouler un peu de fil autour de la poupée (sous l’encoche) surtout si vous ne respectez pas entièrement ces différentes remarques. Par exemple, les poupées des arcs amérindiens sont très souvent ligaturées.

 

– LES SYSTÈMES DE MAINTIEN DE LA CORDE –

ppoupée avec entaille ronde– l’entaille qui reprend environ le diamètre de la corde (ou légèrement plus grande). Il s’agit de la solution la plus courante et souvent la plus esthétique (aspect plus travaillé).
Pour réaliser l’entaille, une lime de tronçonneuse ronde fonctionne parfaitement ou encore des limes triangulaires (même si le travail est assez long puisqu’une lime n’est pas censée être utilisée pour du bois ou de la corne). Une entaille à la scie classique est bien plus rapide, mais risque de provoquer la casse de l’arc (entaille rectangulaire). Les lames rondes de scie à carrelage éviteront ce problème.

poupée avec épaule– Une autre solution sera d’adopter le principe de l’épaulement. Il s’agit d’un rétrécissement de la section de la branche permettant de retenir la corde.
Il est possible de réaliser ce type de poupée avec la plane, une râpe, ou de nombreux autres outils. Évitez encore la scie qui fait changer la section de manière trop brusque.
L’épaulement peut aussi être réalisé par ajout d’un matériau en latéral, sur le dos de l’arc ou autour de la branche (fil, fibre ou anneau par exemple).

noeud particulier pour maintenir la corde

Traditional Bowyer’s Bible Vol2

– La solution la plus minimaliste sera le nœud, ce qui équivaut en quelque sorte à l’absence de poupée. Solution la plus légère et la plus rapide à réaliser ! La branche doit alors se terminer en cône afin qu’un nœud puisse se serrer autour du bois sans glisser. Cela permet aussi de déplacer l’endroit de maintien de la corde afin d’augmenter la puissance légèrement. Il s’agit d’un nœud particulier, qu’il faudra refaire chaque fois que l’on bande l’arc. On retrouve ce principe pour des arcs actuellement utilisés chez certaines tribus, ou pour les arcs préhistoriques (sans entaille, mais un enroulage de fibre est possible).

– Il existe de nombreuses autres solutions, parfois hybrides entre les deux premières, ou encore plus ingénieuses ou plus anecdotiques.
Nous donnerons l’exemple de poupées réalisées en fendant le bout de l’arc et en ligaturant juste en dessous ; ou juste en perçant un trou ! Une poupée très ingénieuse consiste à percer un trou 10-15cm sous l’extrémité supérieure de l’arc et à passer la corde dedans tout en réalisant une fente au bout de l’arc. Lorsqu’il sera débandé, l’arc pourra alors être porté sur le dos, et en plaçant la corde dans l’entaille du bout, il sera alors bandé (régler la longueur de la corde!)
Il existe aussi des poupées « indirectes » qui maintiennent une « corde » en bambou (fin morceau) au moyen de liens en cuir (nous n’avons pas expérimenté ce type de « corde » qui doit alors fléchir plutôt que plier de manière nette).
Si vous désirez voir toutes sortes de poupées, nous vous conseillons de visiter la collection d’archerie Grayson sur ce site ou directement dans la base de données (entrez en tant qu’invités et faites une recherche avec le mot clé « bow »). Le site permet de voir de nombreux arcs de toutes époques et régions.

 

– QUELQUES FORMES COURANTES –

TAILLÉE DIRECTEMENT DANS LE BOIS

Evitez l’encoche sur le dos de l’arc sauf pour les arcs peu puissants ou ayant une ligature renforcant la poupée.entaille coté dos de l'arc

La solution la plus courante de poupée taillée dans le bois est l’entaille latérale (de chaque côté) ou la double épaule.
Ces solutions imposent d’élargir légèrement la section de l’arc pour maintenir la corde (poids supplémentaire), mais fonctionnent parfaitement et ne demandent pas beaucoup de temps de réalisation.
Il existe toutes sortes des formes.

principes des poupées taillées dans le boisencoches latérales arcencoches latérales arcencoches latérales arcépaules latérales arcépaules latérales arc 2 derniers arcs réalisés par Yvan Houssin

À noter que les arcs vikings retrouvés à Haithabu n’ont qu’une seule entaille latérale. En l’ayant testé, la simple entaille est parfaitement fonctionnelle, mais la corde tire alors sur la branche de manière décentrée, ce qui peut faire plier l’arc de manière inattendue (faire le tillering avec cette entaille unique).encoche unique arc haithabupoupée encoche unique de type viking haithabu

 

LES COLLAGES SUR LE DOS

Si entailler le dos est à éviter, les encoches de ce côté de l’arc ont pourtant l’avantage de maintenir parfaitement la corde (peu de risque qu’elle glisse) et d’amincir les extrémités.
Une solution alternative sera donc d’éviter d’entailler le bois en y collant un autre matériau sur le dos (ou en le maintenant avec du fil). Il peut s’agir de bois, de corne ou tout autre matériau qui servira d’épaule ou dans lequel l’encoche sera réalisée.Poupée d'arc encoche tailéle coté dos dans collagePoupée d'arc avec encoche taillée coté dos dans cornepoupée d'arc par enroulage de fibre tenant un bois côté dos
Une autre forme de collage consiste à recouper les 10-20 derniers centimètres des extrémités de l’arc et à recoller un bois dans un sens très légèrement différent afin de lui ajouter un léger recurve. L’arc ne doit pas plier sur la longueur du collage. Il s’agit d’une solution de repli lorsque le bois d’origine est trop petit ou que l’arc plie énormément à ces extrémités.
Les colles modernes sont suffisamment résistantes pour accepter ce genre de collage (grande surface de contact), mais par précaution, une ligature peut être réalisée pour les arcs puissants, sinon un assemblage en V est aussi possible (plus résistant). Ce principe de poupée est similaire aux siyahs réalisés pour les arcs composites, mais s’écarte de l’arc simple (selfbow).poupée d'arc en collage bois en anglepoupée d'arc allongée par collage d'un bois en angle

 

– LA LIGATURE –

La simplicité et la légèreté sont obtenues par une simple ligature de corde, de fil, de fibres végétales ou animales (chanvre, lin, tendon…) qui maintiennent les fibres du bois tout en retenant la corde de l’arc. Cette solution permet d’obtenir des poupées très fines et légères sans réduire la résistance de l’arc.
Il existe toutefois quelques inconvénients à cette solution : la corde n’est pas retenue dans une entaille et peut glisser en bandant l’arc. Mais aussi, le support de la corde n’est pas réalisé à 45°, ce qui impose d’ajuster parfaitement la largeur de la boucle de la corde pour ne pas glisser lors du tir.poupée d'arc par ligature en cordepoupée d'arc par ligature en cordepoupée d'arc par ligature en corde

 

– LES CORNETTES –

Les cornettes en corne (ou en bois de cervidés) sont souvent utilisées pour les longbows de style anglais. Outre l’aspect esthétique, cela retient les fibres, offre une entaille bien nette (taillée dans la corne) ce qui permet d’obtenir un tir plus uniforme, mais leur poids alourdis légèrement l’arc là où il doit être le plus léger possible. Les cornettes doivent donc être les plus petites et légères possible.
Au Moyen Âge, on parle de cornette en argent (ce que certains facteurs d’arc réalisent encore). À part l’aspect esthétique et ostentatoire, cela ne fait qu’alourdir la poupée.

Il est possible de réaliser ce type de poupée à partir d’une corne que l’on perce à l’aide d’un foret plat dont on aura recoupé les bords pour avoir une forme triangulaire (poncer les bords en biais). Il reste donc à trouver un taille-crayon assez large et avec une inclinaison similaire pour tailler le bout de l’arc et l’emmancher facilement.
Si vous ne trouvez pas ce fameux taille-crayon ou que vous optez pour une poupée préusinée (réalisée avec une fraise ogivale), vous devrez donc poncer petit à petit le bout de l’arc pour qu’il entre le plus profondément possible dans la cornette.
Pour ajuster au mieux, il est possible de passer le creux de la cornette à la craie d’écolier qui laissera des traces sur le bois à l’endroit à poncer davantage.

En emmanchant la cornette, il est important de s’assurer que le bois se situe sous l’entaille afin que la corde ne tire pas uniquement sur la corne, mais bien sur la branche de l’arc. Pour cette raison, il est utile de vérifier la profondeur du trou avec un clou, mais aussi d’indiquer cette information sur la face externe de la cornette afin de l’affiner au maximum sans mettre le bois à nu.

l'entaille dans les cornettes située sur la branche d'arc
Certains préfèrent travailler la cornette avant de la coller. Au contraire, nous le faisons après, car elle sera plus simple à tenir en main. Le plus rapide sera de la dégrossir à la ponceuse et de terminer au papier de verre en réduisant le grain progressivement. Il faudra par contre utiliser des petites fraises pour réaliser des cornettes plus sculptées.
La plupart des outils de travail du bois fonctionnent pour la corne, sauf qu’il s’agit d’un matériau plus dur et résistant (plus long à travailler).
exemple de cornettes d'arc

Les cornettes peuvent avoir toutes les formes imaginables, mais évitez toutefois de trop alourdir l’arc … less is more !
Souvent, la poupée supérieure est plus ornementale (ce qui permet d’identifier le sens d’utilisation de l’arc). Elle est parfois percée d’un trou afin d’y glisser un petit fil ou une bande de cuir maintenant la boucle de la corde lorsque l’arc n’est pas bandé.
Certains préfèrent un bout aplati pour la cornette inférieure afin d’éviter de l’abimer lorsqu’elle repose au sol.

cornette d'arc

Photo et réalisation de la cornette : Marc Aronowiez

Il existe toutes sortes des solutions de poupées en corne. Nous vous invitons à regarder sur paleoplanet ou encore à taper « horn tip bow » ou « bow nocks » dans un moteur de recherche (Google ou autre).

 

– LES POSSIBILITÉS POUR BANDER L’ARC –

Si vous n’avez pas de bandoir, tous les types de poupées permettront de bander l’arc entre les jambes, poignée sur la cuisse. Toutefois, pour les arcs de plus de 60-70 livres, la fausse corde devient presque nécessaire, de même pour les arcs reflex. Certains archers préfèrent d’ailleurs toujours bander leur arc avec une fausse corde afin d’éviter de tordre l’arc.

Les systèmes de fausse corde modernes utilisés pour les « arcs classiques » ne fonctionnent généralement que pour ce type d’arc (parfois avec recurves traditionnels). Pour les arcs traditionnels selfbows, la solution de la double entaille est donc souvent utilisée.
Une deuxième entaille est réalisée derrière la première afin de maintenir la fausse corde (plus longue, avec des nœuds en guise de boucles). Le centre de cette corde est placé sous le pied, et l’archer tire alors sur le centre de l’arc afin de pouvoir placer la vraie corde sur l’encoche intérieure (poupée supérieure). La double entaille peut être réalisée uniquement sur la poupée supérieure, car en partie inférieure, la fausse corde repose sur la corde principale.
Cette solution est simple à réaliser dans la corne, mais est plus fragile dans le bois, la deuxième encoche peut dans ce cas être réalisée au moyen d’une ligature. D’autres possibilités existent comme des poupées plus longues qui permettent de bander à l’aide de manchons en cuir, ou des encoches à 5-10 cm sous les principales (la fausse corde doit alors avoir de grandes boucles afin d’y passer la corde principale).
Il s’agit d’un détail important que la plupart des archers connaissent.

 

 

 

LE TRAVAIL DE LA POIGNÉE

Si l’arc est fonctionnel, il est encore possible d’améliorer la forme de la poignée des flatbows afin de la rendre plus ergonomique ou plus jolie. Tant que l’arc continue à ne pas plier à cet endroit et que vous n’endommagez pas trop la surface du dos, le tillering et la résistance de l’arc ne seront pas affectées.

De même, certains archers préfèrent avoir un repose-flèche sur leur arc (surtout les flatbows). Il est possible d’entailler le bois de l’arc directement s’il reste suffisamment de largeur pour ne pas réduire sa résistance. Sinon, il faudra alors recoller un morceau de bois ou de corne de la forme désirée (ou le maintenir par ligature).

Voici quelques exemples de poignées d’arc :  1   2   3

En tirant avec de mauvaises flèches (empennage non ligaturé, mauvais spin) ou encore si le bois de l’arc est peu dense ou que vous tirez très souvent, il est alors possible que le passage de la flèche endommage légèrement le bois à long terme. Une bande de cuir peut suffire à résoudre le problème, mais une solution plus esthétique consiste à incruster un morceau de corne à l’endroit du passage de la flèche. Il peut s’agit d’un fin disque de corne inséré en perçant ou encore d’une plaquette de corne plus large. Evitez de l’insérer trop profondément pour ne pas trop fragiliser l’arc (2 mm suffisent).

 

 

 

LE PONÇAGE

Les étapes qui suivent sont courantes dans le travail du bois. Nous ne rentrerons donc pas trop dans les détails n’ayant pas beaucoup de matériel. Les professionnels pourront certainement utiliser des outils plus performants ou plus rapides.

Le ponçage du bois peut se faire avant ou après la réalisation des poupées. Nous préférons le faire après la pose des cornettes, mais avant la réalisation des autres types de poupées.

 

– LES OUTILS –

Il existe plusieurs méthodes de ponçage allant des machines électriques au ponçage manuel :

– La ponceuse excentrique (orbitale) peut être utilisée. Toutefois, vu la forme arrondie de l’arc, les courbes parfois concaves, les nœuds ou encore les branches, il ne s’agit pas forcément d’une solution simple ou rapide (la machine laisse encore des traces à poncer à la main ensuite). De plus, il y a le risque de poncer plus que nécessaire et de faire perdre de la puissance à l’arc (ou pire de retirer de manière non uniforme et de devoir recommencer une partie du tillering).
D’autres outils électriques plus professionnels permettent certainement un ponçage plus rapide.

– Le papier de verre est la solution que nous employons généralement. Soit directement dans la main, soit sur un support (avec poignée, sorte d’éponge en mousse ou morceau de bois). Pour ne pas laisser de traces, préférez poncer dans le sens des fibres (ce qui n’est pas toujours possible à certains endroits comme les nœuds) et réduire très progressivement le grain du papier de verre. Il est recommandé de multiplier par deux entre chaque passe, pas plus (P60 puis P120, puis P240, puis P500).

– Le racloir à bois est une dernière technique, certainement plus historique, pour obtenir une surface lisse. Une plane aiguisée utilisée à la verticale peut convenir aussi, ou encore un morceau de silex taillé!
La surface ne sera pas aussi lisse qu’au papier de verre, mais aura un aspect plus « ancien ».

 

– LES ÉTAPES –

– La première étape, si vous avez réalisé le tillering à la râpe ou avec un outil laissant de profondes rainures dans le bois, sera de poncer le bois ou de le rattraper à la plane afin d’obtenir une surface régulière ou presque. En effet, si la surface est pleine de creux et de bosses, ces fibres ne peuvent pas se comprimer les unes sur les autres côté ventre, ce qui représente donc un poids mort à retirer.

– La deuxième étape consiste à rattraper les angles laissés par les outils. En effet, à ce moment, la surface de l’arc est encore constituée de multiples facettes, ce ponçage permettra d’arrondir légèrement la surface de l’arc.
Il faudra aussi rattraper la surface là où le bois a été arraché plutôt que coupé ou poncés (aux nœuds et autres ondulations par exemple).
Un ponçage avec un grain P60 convient pour cette étape. Cela peut prendre 45-60 minutes à la main. Les machines électriques seront plus rapides, mais risquent de laisser des marques plus longues à retirer ensuite (ou qui n’apparaitront qu’en plaçant de l’huile de lin !).

– Lorsque la forme générale est obtenue, il ne reste plus qu’à affiner le grain afin de faire disparaitre les traits en surface (P120 à 500). Cette étape ne prend que quelques minutes.
Un arc bien lisse est plus joli et doux au toucher, malgré tout, le simple fait qu’il prenne la pluie fera gonfler les fibres et perdre sa sensation au toucher. Il n’est donc pas utile de poncer au grain très fin (surtout pour les bois légers et à grain grossier– P250 convient pour la plupart des bois).

Attention toutefois que la poussière de bois peut être allergisante ou nocive (l’if par exemple). Il convient donc de se protéger et idéalement, de poncer dans un endroit bien ventilé… c’est l’occasion de s’assoir dans son jardin en ponçant calmement son arc au vent ! (c’est peut-être une autre bonne raison d’éviter les outils électriques).

 

Le flatbow de notre exemple est désormais poncé.

poncage du bois exemple flatbow

 

 

LES TRAITEMENTS DU BOIS

Il existe plusieurs types de traitement du bois :

– LES COLORATIONS (teintures, lasures, peintures…) –

Il existe de nombreux produits chimiques (teintures, lasures), mais aussi naturels :
– teintures anciennes à base de plantes ou de minéraux –brou de noix…-
– pigments naturels –ocres, pierre, craie, brique…- à mélanger avec de la colle de peau par exemple.
– Les peintures (aquarelle ou huile) peuvent aussi être utilisées pour réaliser des dessins à la surface.

Avantages :
– Rôle décoratif principalement (colorer le bois, dessins, dégradé de couleur…)
– Certaines colorations industrielles protègent également le bois ou déposent une fine couche mate mise en valeur par l’huile de lin.

Inconvénients :
– La coloration disparait lorsque l’arc prend un coup.
– Ne conserve pas l’aspect naturel du bois.

Chaque coloration a ces propres spécificités, nous n‘entrerons pas plus dans les détails, il existe de nombreux exemples d’arc teins ou peints sur paleoplanet. Tout personnellement, je préfère conserver le bois le plus neutre possible et laisser uniquement la forme du bois marquer son originalité.
Les colorations du bois seront toujours réalisées avant de placer un vernis, une huile ou tout autre type de protection du bois.

 

– LES PROTECTIONS DE SURFACE IMPERMÉABLE (vernis, époxy…) –

Ces traitements empêchent l’eau de rentrer dans le bois en réalisant une surface imperméable sur le bois. Cette protection empêchera l’eau d’y pénétrer, mais aussi de s’évaporer, il faut donc s’assurer que le bois est bien sec, car il sèchera difficilement ensuite (risque de suivi de corde). De même si le bois est trop sec, il risque de casser plus rapidement.

Avantages :
– Facilité d’entretien (non gras, nettoyable à l’eau savonneuse)
– Solution définitive
– Très bonne protection contre la pluie et l’humidité

Inconvénients :
– Application difficile
– Aspect souvent brillant, peu historique
– Risque de s’écailler si le vernis n’est pas assez souple (préférez le polyuréthane)

Aspect esthétique :
Les vernis sont souvent brillants (même les « satinés »), ce qui parait peu historique, voire industriel, laqué (à l’opposé de l’esprit « selfbow »). Toutefois, vu le nombre d’arcs de finition brillante, cela est apprécié également.
Les vernis mats offrent un aspect un peu plus naturel (aspect ciré), par contre, à notre connaissance, ils n’existent qu’en vernis intérieur (mais bon, les arcs ne restent pas très longtemps sous la pluie non plus).

Application :
3 à 5 couches de protections pour les vernis (vu la faible quantité nécessaire pour un arc, les pots finissent souvent par sécher avant d’être finis !)
L’application du vernis n’est pas facile pour les amateurs peu équipés. Afin d’obtenir une surface lisse, sans coup de pinceau, nous l’appliquons avec le doigt (dans un gant en latex) en étalant avec attention en fines couches. Entre chaque couche (après 1 jour de séchage), nous passons le vernis au papier de verre très fin (P500 ou plus) ou à la laine d’acier fine avant d’appliquer une couche supplémentaire sinon des impuretés resteront à la surface.

longbow avec un vernis mat

Exemple d’un longbow en if recouvert d’un vernis mat.

 

– LES PROTECTIONS DE SURFACE NON DÉFINITIVES (cires…) –

La cire crée une protection de surface empêchant l’eau d’entrer dans le bois, tout en le laissant respirer.

Avantages :
– Aspect naturel du bois (couche presque invisible)
– Protection pouvant être utilisée au Moyen Âge.
– Possibilité de mélanger avec de l’huile de lin ou d’autres produits (térébenthine, paraffine…) pour permettre une double protection (en surface et dans le bois)

Inconvénients :
– Certaines cires blanchissent en présence d’eau (il semblerait qu’il s’agisse de cires non naturelles contenant du silicone).
– Nécessité de réappliquer régulièrement une couche de cire.
– Entretien plus difficile, le bois n’est pas protégé des taches

Aspect esthétique :
La cire crée une légère couche peu visible à la surface du bois qui le met en valeur et rend la couleur un peu plus chaude.

Application :
Nous avons rapidement stoppé l’usage de la cire vu les taches blanches disparates qui apparaissaient à la surface de l’arc. Nous avons donc peu de conseils. Toutefois, il semble que la cire d’abeille naturelle ne présente pas ce problème. À tester de nouveau !

épaules latérales arc

Exemple d’un arc ciré et blanchi ! (avec le temps, le banc se généralise et devient moins gênant)

 

– LES PROTECTIONS ENTRANT DANS LE BOIS (huiles, graisse de bœuf…) –

Ces traitements ne créent pas une couche protectrice, mais entrent dans le bois ce qui limite la progression de l’eau et nourris le bois généralement.

Avantage :
– L’huile embellit le bois (cernes plus visibles, couleur plus chaude et dorée).
– Aspect naturel, plus historique
– Application aisée
– La graisse laisse une couche imperméable à la surface

Inconvénients :
– Entretien plus difficile, le bois n’est pas protégé des taches.
– Couleur virant à l’orange avec le temps pour l’huile de lin (éviter ceci en la mélangeant avec de la térébenthine)
– La graisse laisse une surface grasse accrochant la poussière (mais l’arc peut aussi prendre une patine grisée grâce à cela).
– Nécessité de réappliquer régulièrement des couches lorsque le bois est trop « sec » visuellement (arrêter lorsque l’huile ne rentre plus dans le bois).

Aspect esthétique :
L’huile de lin apporte un grand plus esthétique par la couleur plus chaude, tout en conservant l’aspect naturel du bois (pas d’effet « couche rapportée »).
La graisse conserve l’aspect naturel, mais ne met pas autant en valeur le bois.

Application :
La graisse doit être fondue avant application au pinceau (four à micro-onde). Il n’y a pas de précaution particulière pour son application. Il faudra placer plusieurs couches jusqu’à ce qu’elle n’entre plus dans le bois.

Préférez un mélange huile de lin + l’essence de térébenthine (50% de chaque) ce qui permet d’être absorbé plus rapidement par le bois. Aussi, après 5-6 applications, une très fine couche protectrice se forme à la surface (protection superficielle et interne du bois).
L’application du produit est simple avec un pinceau et il n’y a aucun risque de voir les coups de pinceau. Le mélange se conserve des années dans une bouteille en verre fermée (économique si vous réalisez peu d’arcs).
5-10 minutes après la première couche, une autre peut être appliquée, puis après 1 heure, 6 heures et après 1 jour ensuite. Évitez de faire sécher au soleil, car la surface devient parfois collante et poisseuse.
Le mélange placé sur les parties en corne est aussi très joli. Cela fait ressortir la couleur de la corne tout en conservant un aspect mat (au papier de verre, il semble impossible d’obtenir une corne brillante).

huil de lin et essence de térébenthine

Exemple d’un arc en érable huilé

 

Le flatbow de notre exemple est désormais huilé…
huile de lin et essence térébenthinehuile de lin et essence térébenthine

… et le longbow de notre exemple, huilé également.
huile de lin et essence térébenthinehuile de lin et essence térébenthine

 

 

LES DERNIÈRES FINITIONS

Il existe de nombreuses possibilités de finitions. Nous en avons fait plus ou moins le tour, il reste juste quelques éléments de décoration ou de confort :

– TEXTES ET DESSINS –

Le facteur d’arc inscrit généralement quelques indications utiles sur l’arc (puissance, endroit où placer la flèche, la marque du concepteur), mais aussi parfois sa longueur, les matériaux utilisés, l’allonge testée, une devise -motto, le « nom » de l’arc… Il est aussi possible de réaliser des dessins, des figures géométriques…

Ceci peut être réalisé au feutre indélébile sur le vernis, à l’encre de Chine ou au Bic (choisir des versions anti-UV).
Il est aussi possible d’imprimer du texte ou des images/dessins avec une imprimante laser en miroir et de décalquer l’encre du papier (encre côté bois) avec de la colle à bois ou certains vernis. Il faut alors retirer le papier en le frottant à l’eau afin de décrocher le dessin. Nous ne l’avons pas réalisé sur des arcs, mais pour des panneaux explicatifs.

pyrogravure sur arc

Attention que certaines substances, comme la térébenthine ou parfois la graisse, étalent certaines encres (faire un test avant). Dans ce cas, il est préférable d’inscrire le texte en le chauffant soit avec un mini pistolet à souder, soit avec un pyrograveur (version professionnelle ou le jouet !). Pour des dessins répétitifs (marque de l’auteur par exemple), il est aussi possible de réaliser un poinçon métallique à chauffer pour reproduire le motif.
Il sera préférable de ne pas entrer trop profondément dans le bois afin de ne pas le fragiliser. Le résultat est souvent meilleur lorsque la pyrogravure est réalisée avant de placer l’huile (surface plus sèche), certains bois fonctionnent mieux que d’autres également (les bois légers brulent plus aisément).

Il est aussi possible de graver ou sculpter une partie de l’arc, mais il sera absolument nécessaire de réfléchir à sa résistance. Préférez travailler sur le ventre de l’arc et pour la sculpture, arrêtez-vous aux parties de l’arc qui ne plient pas (poignée du flatbow, poupées).

– LES LIGATURES, FIL, CORDONS ET TISSU –

Les ligatures peuvent avoir un rôle structurel pour renforcer les poupées ou un endroit jugé moins résistant ou encore lorsque l’arc a dû être réparé (rarement efficace). Elles permettent d’éviter que les fibres du bois se désolidarisent, ce qui entrainerait la casse de l’arc.
Toutefois, les ligatures peuvent aussi apporter un plus esthétique, maintenir le repose-flèche, créer un dessin géométrique (croisement de fil, répétition de motif).

arc ligaturé

De même, des décorations peuvent être réalisées au moyen de tissu ou de ruban sur la poignée, accompagné ou non de fil ou tout autre matériau.
Les arcs flamands datant de plus d’un siècle ont couramment une poignée recouverte d’une ligature simple, mais subtile : un premier passage est réalisé en laissant un écart entre le fil, le tout est ensuite recouvert d’un fin tissu noir soyeux, qui lui-même est recouvert d’un deuxième passage de fil blanc placé dans l’interstice du précédent, ce qui crée un très joli motif blanc et noir en léger relief.

– LE CUIR –

Le cuir est un dernier matériau très souvent utilisé pour les finitions. Il peut être laissé brut ou teinté (la teinture à bois fonctionne), ou encore martelé, travaillé au repoussé, peint …

Les arcs du Moyen Âge ne semblent pas avoir eu de poignée recouverte de cuir (pas de trace en tout cas), mais c’est désormais très courant.
La poignée peut être réalisée à partir de gros cuir maintenu par un ruban ou un fil, il peut aussi être enroulé en spiral autour de la poignée.
Le cuir fin peut aussi être utilisé, collé sur le bois ou en y interposant d’autres matériaux (entre bois et cuir). Certains recommandent de placer un matériau absorbant sous le cuir pour limiter l’effet de choc lors du tir (caoutchouc, fine mousse, semelle intérieure de chaussure anti-transpirante…). Une fine ligature est envisageable également sous le cuir.

En plus de la poignée, le cuir peut être utilisé comme repose-flèche (gros cuir) ou encore protéger le bois au passage de la flèche.
Il peut aussi recouvrir entièrement les branches de l’arc afin de les protéger de l’humidité. C’est utile pour les matériaux supportant mal l’eau, les arcs en rotin par exemple ou encore le tendon des arcs renforcés.

Pour les finitions de l’arc, les limites sont celles de votre créativité à condition de respecter la résistance de l’arc !

poignée cuir flatbowpoignée longbow en cuir et linarc rotin recouvert de cuirpoigne en cuirpoignée cuir longbow if

2 derniers arcs réalisés par Yvan Houssin

 

Et voici les arcs de notre exemple …

poignée en cuir longbow et flatbow

Photo et réalisation de la cornette : Marc Aronowiez

 

 

 

Nos explications sur la fabrication des arcs se terminent donc sur ces derniers exemples. Pour réaliser la corde, voici nos solutions.

Nous espérons que cela vous aura intéressé et que vous tenterez de commencer la facture d’arc par vous-même (ne désespérez pas s’il casse, ça nous arrive encore également !)
Nous avons tenté d’envisager le maximum de cas possibles afin d’apporter le maximum de réponse. Toutefois, il s’agit bien de notre méthode de travail, d’autres manières sont envisageables (et peut-être meilleures). D’ailleurs, nous découvrons encore en réalisant des arcs, en tentant d’autres techniques, d’autres bois. C’est en testant que l’on apprend !
Les articles seront peut-être donc réadaptés petit à petit selon nos découvertes, nos expériences…

Nous vous invitons à nous envoyer un message si vous avez des compléments, des questions ou des solutions alternatives à partager. Nous pourrons les ajouter comme commentaire dans le texte également.

 

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Texte, photos & schémas : Fabien Houssin (sauf indication contraire)

CC BY-NC-SA 4.0