Numériquement, les chevaliers ne forment qu’une infime partie de l’armée, mais ils sont accompagnés par des écuyers et d’autres sergents à cheval, à cela s’ajoute l’infanterie à pied : arbalétriers, archers, piquiers… Les effectifs réels d’une armée représentent donc 4 à 6 fois le nombre de chevaliers sans compter les artisans qui peuvent aider en cas de siège (forgerons, charpentiers, tailleurs de pierre, bourreliers, ingénieurs…).
Pour la défense d’une ville, on peut alors ajouter les habitants eux-mêmes et les réfugiés aux alentours. Ces civils participent sûrement à la défense, mais peuvent aussi être une gêne (manque de nourriture).

 

Les chevaliers et les nobles

Les chevaliers sont avant tout une élite militaire : habillés au minimum d’un haubert (cotte de mailles), d’un heaume (casque), d’un écu (bouclier), d’une épée et d’une lance, sans oublier leur monture, ils sont les personnages principaux lors d’un combat, leur cheval leur permet des attaques plus puissantes et un déplacement plus aisé.

Mais lors d’un siège, en défense comme en attaque, il n’est plus toujours possible de se déplacer à cheval (difficile d’escalader une muraille à cheval ou de monter aux courtines). Les chevaliers n’étaient donc pas à leur avantage lors d’un siège : uniquement des soldats mieux équipés !
Le chevalier assiégeant ne se prêtait donc pas beaucoup aux combats, semble-t-il, et sa charge primordiale était de garder les machines lors d’expéditions périlleuses. Denrée rare, ces machines méritaient l’attention des plus nobles combattants, plus que les escadrons de soldats mourant sous les flèches de l’ennemi ! Jean de Joinville (chroniqueur de l’époque) rapporte que le roi de Sicile était si « hors de sens » lorsque les Sarrasins ont mis feu aux armes de siège « qu’il se voulait aller lancer dans le feu pour l’éteindre ».

En défense, il se joignait aux « sorties » de nuit pour détruire le campement des assiégeants. En effet, la rapidité est très importante dans ce cas, sinon on risque de laisser entrer les assaillants avant que ne rentrent les défenseurs (c’est ce qui s’est produit à Béziers lors du siège de 1209).

Certains chevaliers se plaçaient cependant au premier rang lors d’un combat. Geoffroi de Villehardouin relatant la prise de Constantinople (1203) raconte que des chevaliers étaient au sommet de la tour d’assaut et étaient les premiers à monter sur la courtine et ainsi qu’à entrer dans la tour du château. Il s’agissait d’un acte honorifique qui permit à l’un d’entre eux d’être cité dans la chronique.

Les chevaliers (ainsi que certains ecclésiastiques) possèdent aussi une certaine connaissance de l’art de la guerre et du siège, et ce sont eux qui dirigent les opérations.

 

Les fantassins

Ils n’avaient souvent qu’un rôle secondaire lors d’un siège, on préférait des spécialistes comme des mercenaires. Cependant, ils devaient généralement 40 jours par an sans solde à leur souverain, et cela ne déplaisait pas aux dirigeants.
Leur nombre était mis à profit lors de grandes opérations ou pour réaliser les travaux d’approche et l’investissement.

Ils sont mal protégés, et leurs armes sont rudimentaires, seul le pillage (des hommes à terre) leur donne de meilleures armes. Il n’est d’ailleurs pas étonnant qu’ils fuient parfois le combat sans raison. Quittant leur pavois, ils devenaient alors des cibles faciles, faisant ressembler certaines scènes à une chasse à courre.

Ils sont méprisés par l’aristocratie militaire et ils sont payés très chichement (le dixième ou douzième des chevaliers soit le salaire d’un manœuvre) ce qui n’incite pas une conduite exemplaire de courage ! Lorsqu’ils se battent avec bravoure, c’est bien souvent pour leurs propres intérêts comme les milices flamandes lors de la bataille des éperons d’or.

 

Les mercenaires et les routiers

Brabançons, Cottereaux, Aragonais, Navarrais, Catalans, Basques, Allemands… les noms sont nombreux et désignent tous des étrangers qu’il ne faut pas payer trop cher (leur premier revenu étant le pillage).
Il faut alors maintenir une discipline de fer pour éviter les brigandages, les pillages et les tueries (comme à Béziers). Les dirigeants doivent aussi se méfier qu’ils ne soient pas payés plus chers par leur adversaire, ceux-ci se retournant contre leurs premiers employeurs !

Ils se recrutent lorsque l’on désire faire une opération difficile ou nécessitant une force de frappe rapide et n’hésitent pas à quitter les rangs en automne pour revenir au printemps. Simon de Montfort eut des difficultés lors du siège de Toulouse (octobre 1217 – juillet 1218) : lorsqu’ils partirent pendant l’hiver, les assaillants étaient trop peu nombreux pour une attaque correcte, ce qui lui coûta la vie !
Pour la guerre de siège, ils fournissent une force très efficace (plus expérimentés que les fantassins). Certains deviennent de véritables compagnons des rois qui leur donnent terres et châteaux, et sont payés très chèrement (par exemple Cadoc, compagnon de Philippe Auguste qui le paye pour le salaire de 300 fantassins).

Lors de la guerre de Cent Ans, les routiers furent une arme à double tranchant : de très bons combattants en temps de guerre, mais lorsque les hostilités s’arrêtaient, eux continuaient à piller les villes, ils négociaient des rançons avec les bourgmestres pour ne pas détruire les villes.

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