Face aux projectiles incendiaires, les militaires médiévaux avaient relativement peu de moyens de protéger les ouvrages en bois réalisés pour le siège. Toutefois, il faut relativiser, le feu ne se propage pas si simplement…  De même, les moyens de détruire les engins ne se limitent pas à l’utilisation du feu. Les pierres lancées étaient aussi très destructrices.

 

L’artillerie

 

Du bois sec ?

Il s’agit des engins à balancier, les arbalètes géantes, mais aussi l’artillerie à poudre. Ce sont des engins plus complexes, qui demandent des personnes expérimentées pour les concevoir et les réaliser dans des conditions optimales (plateforme horizontale, bois équarri, assemblage complexe des bois, fonte des canons…). L’artillerie est donc généralement construite en atelier et transportée (en pièce détachée ou sur roue) sur le lieu du siège.

Le bois était-il donc sec pour ces machines ? Certains auteurs contemporains le pensent. Toutefois, les bois utilisés pour les châteaux n’étaient pas secs à cœur, car ceci demande parfois 50 ans à l’extérieur (couvert). Il est donc plus plausible que les bois des machines de siège étaient juste secs en surface eux aussi (après quelques mois ou années de séchage). Ceci devait toutefois faciliter la propagation du feu lorsque la machine recevait un projectile incendiaire.

 

Une protection rapprochée

Ces machines de tir à grande distance étaient des cibles stratégiques pour les défenseurs de la place forte, vu leur puissance destructrice. Malgré tout, leur distance par rapport aux fortifications limitait les possibilités d’y mettre le feu :

  • Les défenseurs devaient sortir de la place forte pour s’en approcher afin d’y mettre le feu. Ceci se produisait durant la nuit ou lorsque les assiégeants étaient distraits (durant des travaux d’approche ou l’assaut d’un mur…). Ces machines très chères étaient donc gardées par de nombreux soldats (même si certains textes prouvent parfois un manque de surveillance). Les nobles et les cavaliers, peu adaptés à l’assaut d’une forteresse, gardaient généralement ces machines durant l’assaut.
  • Les flèches incendiaires pouvaient tenter de mettre le feu aux engins d’artillerie. Il est toutefois peu probable qu’une faible flamme embrase de grosses poutres. Un léger départ de feu pouvait aisément s’arrêter. Les utilisateurs de la machine devaient par contre être protégés des flèches par des palissades et des mantelets.
  • Certaines machines (à trait, balancier ou poudre) placées en haut des fortifications pouvaient tirer directement sur les engins des assaillants. Il existait peu de protection contre ces engins défensifs, sauf leur destruction (et donc la prise de la place forte). Les machines plus petites (arbalètes et canons) étaient protégées par des palissades qui s’ouvraient en cas de tir. La protection se limitait aux flèches et projectiles légers.

 

 

Les engins et travaux réalisés lors du siège

Les machines d’approche et d’assaut, ainsi que les travaux de blocus et d’approche sont réalisés sur le lieu du siège avec le bois présent aux environs. Il s’agira donc principalement d’arbres coupés dans les forêts voisines, mais aussi de bois pillé dans les villages voisins.

 

Se protéger du feu

Les bois pillés étaient certainement privilégiés pour la protection du camp vu qu’ils demandent moins de travail pour les mettre en œuvre (construction plus rapide) et qu’ils ne résisteront pas autant au feu (bois sec). Le bois vert sera en effet privilégié pour tous les engins mobiles et les travaux fixes qui seront sous le feu des tirs. En effet, l’eau présente dans le bois stoppera la propagation du feu. Il sera beaucoup plus difficile d’y mettre le feu.

Les ouvrages seront généralement protégés par du cuir ou des peaux de bêtes (fraichement écorcées idéalement) sur les zones exposées aux tirs. Il s’agit en effet de matériau difficile à y mettre le feu.

Les peaux et éléments en bois pouvaient aussi être aspergés d’eau ou encore d’acide (urine fermentée ou vinaigre) afin de stopper certaines substances incendiaires.

Il est également possible que de la terre (avec peut-être de la pelouse pour la maintenir cohérente) recouvrît aussi certaines parties des machines vu la facilité de trouver ce matériau et son efficacité pour stopper le feu. Malgré tout, le poids de la terre devait peser sur la structure des engins. Nous ne connaissons toutefois pas de source prouvant l’utilisation de la terre.

Certaines représentations contemporaines recouvrent les machines d’approche avec de la tôle (nous ne connaissons pas les sources d’origine). Le fer très peu probable vu la difficulté de l’aplatir sur une fine épaisseur au Moyen Âge. Le plomb est envisageable vu qu’il est plus malléable et moins cher que le fer au Moyen Âge. Il va de soi que les projectiles incendiaires n’auraient alors plus aucun effet sur la surface recouverte. Ceci peut s’envisager sur les machines d’approche, mais pas sur des palissades (trop grande surface).

 

Se protéger des flèches

Pour se protéger des projectiles légers, la meilleure solution sera de réaliser une surface continue en bois afin de ne laisser aucun passage pour les flèches. Malgré tout, des meurtrières étaient nécessaires pour riposter avec un minimum de risque.

L’épaisseur devait être suffisante pour stopper autant que possible la flèche, nous pouvons imaginer un minimum de 3-4 cm.

Il pourra donc s’agir d’une palissade de rondins contigus, de clayonnage ou de gabions remplis de terre, de platelage de planches jointives ou encore de clins en bois (ou tuiles) parfaitement liés. Les premières solutions étaient plus adaptées pour les fortifications fixes, tandis que le bardage, plus léger, est plus approprié aux engins mobiles (chat, beffroi…)

 

Se protéger des pierres

Les pierres et les autres projectiles lourds peuvent être lancés à l’aide de machines à balancier, mais aussi depuis les assommoirs et mâchicoulis, du haut des murailles.

Il sera difficile de se protéger des projectiles lancés au loin par les machines. Généralement, seuls les ouvrages proches des murs ou les machines prévues pour s’en approcher seront recouverts d’un toit résistant.

Ce toit est identique aux protections contre les flèches. Toutefois, il était certainement renforcé par plusieurs épaisseurs de planches croisées afin de résister au choc important des pierres tombant de haut.

Les parties des machines allant contre les murs (chat, bélier…) devaient résister à de très nombreux chocs. Il est donc possible que des surépaisseurs ou des renforces métalliques fussent réalisées à l’avant.

Il est également imaginable que des matelas ou des sacs de paille ou de terre aient amorti les chocs, puisque cette technique était utilisée par les défenseurs pour amortir les coups de bélier.

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