Le bélier est une machine de siège simple permettant de défoncer les portes ou les murs en les martelant de coups puissants. Il s’agit, semble-t-il, de la seule machine dont l’utilisation est avérée durant tout le millénaire médiéval. En effet, la simplicité de réalisation de l’engin et son efficacité a largement contribué à son usage même à une époque où les autres techniques de siège avaient été oubliées.

 

Histoire *

Le bélier est certainement un des engins de siège le plus ancien. Il est aussi l’un des seuls à avoir perduré durant tout le Moyen Âge, même si des versions plus élaborées feront leur apparition après la seconde moitié du XIIe siècle (redécouverte des techniques antiques).

 

Utilisation

Le bélier est surtout utilisé pour démolir les portes en martelant jusqu’à ce que le bois cède ou que la structure soutenant la porte se déchausse. Les entrées réalisées dans les fortifications ont longtemps été leur point faible. Il est donc logique que les béliers aient été utilisés de tout temps pour s’y frayer un chemin.

Le bélier est aussi utilisé pour démolir les murs de pierres. Les textes anciens décrivent cette utilisation, ainsi que les illustrations médiévales. Toutefois, nous pouvons nous demander si une muraille de pierres bien taillées et appareillées pourrait être ébranlée par cette technique. Un mur de plusieurs mètres d’épaisseur peut-il tomber en le martelant de coups répétitifs à sa base ? Sans réponse à cette question, nous pouvons toutefois imaginer un effet si la structure du mur a déjà été mise à mal ou que le parement extérieur a été enlevé. Il est donc probable que le bélier pouvait avoir un effet suffisant pour créer une brèche.

 

Forme générale

Le bélier pouvait avoir toutes sortes de formes, le principe de base reste toutefois un objet long et surtout lourd afin d’avoir une inertie suffisante pour transmettre le choc à la porte ou au mur. Une poutre ou un tronc pouvait convenir, bien que certains dessins historiques montrer des systèmes moins évident comme une sorte de large cône évidé sur roue.

Pour résister plus longtemps au choc, une pièce métallique pouvait être placée au bout de la poutre. Dans certains dessins, cette pièce est sculptée en forme de tête de bélier, ce qui reste peu probable (recherche esthétique peu utile lors d’un siège).

 

Variante formelle

Le bélier sera plus efficace si les utilisateurs ne doivent pas le porter. Sinon, une partie de la force humaine était alors perdue pour soulever l’engin plutôt qu’à donner des coups puissants. Cette version minimale impliquait donc un nombre d’utilisateurs plus important.

Une solution plus efficace sera donc de placer le bélier sur roues afin de donner des coups plus puissants.

Une structure fixe pouvait aussi soutenir le bélier au moyen de cordes. Cette solution devait limiter les pertes d’énergies du frottement des roues sur le sol. Toutefois, la structure devait alors être transportée avant d’utiliser l’engin.

 

De nombreux béliers étaient fixés sur un chat afin de protéger les utilisateurs et de porter la poutre. Les techniques permettant de contrer le bélier étaient aussi rendus plus difficiles. Ces machines sont appelées « béliers à charpente », « Tortue bélière », « chat-bélier » ou « vigne-bélier ».

Dans d’autres cas, un bélier indépendant pouvait aussi entrer dans le chat après que ce dernier se soit correctement placé contre une porte ou une muraille.

 

Moyens de déplacement *

Les béliers portés par les soldats étaient certainement les plus rapides et ne nécessitaient pas de mise à niveau du sol pour approcher de la fortification.

Les versions à roues (tortue bélière ou bélier à roue) gagnaient en efficacité et pouvaient diminuer le nombre d’utilisateurs. Toutefois dans des terrains escarpés, ou encore lorsque la machine était lourde, des travaux d’approche plus importants étaient nécessaires.

 

Contrer le bélier

Il est difficile de dire après combien de temps une porte pouvait lâcher suite aux coups de bélier. C’était toutefois presque inévitable. Des braies pouvaient être placées devant les murs ou les portes pour créer une ligne de défense supplémentaire. Mais la riposte la plus efficace sera architecturale en empêchant les assaillants de s’approcher des portes : succession de portes, herse, pont-levis… mais aussi d’assommoirs permettant de jeter des pierres sur le bélier.

Sans ces dispositifs architecturaux, il était alors possible de placer des objets ou de la terre derrière la porte afin qu’une fois détruite, l’assaillant ne puisse pas avancer directement à l’intérieur de l’enceinte. De même, ces objets amortissaient les coups et limitaient la flexion du bois, rendant la porte plus résistante aux chocs.

 

Plusieurs dispositifs mobiles étaient aussi imaginés par les défenseurs pour contrer le bélier :

  • La louve qui est une sorte de grosse tenaille suspendue dont le nom vient de l’outil à soulever les pierres utilisées depuis des siècles. Il s’agit qu’une pince tenue depuis le haut des fortifications et venant serrer la tête du bélier pour le soulever au point de le rendre inutilisable. Des images anciennes montrent aussi un morceau métallique à entailles suspendu par deux cordes qui sert également à soulever le bélier.
  • Une sorte de coussin amortissant pouvait aussi être placé à l’endroit de la frappe. Ce coussin était certainement réalisé en cuir et en paille. Il était soutenu depuis le haut des fortifications par une corde.

Vu le mouvement du bélier, on peut toutefois se demander si ces dispositifs étaient vraiment efficaces.

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