Les murs de fortification étaient parfaitement étudiés pour subir des chocs ! Pourtant, pour faciliter grandement l’assaut, les assaillants devront tenter de les percer. Ceci permettra de faire entrer dans la fortification le maximum de soldats en peu de temps. Ils pourront alors submerger les défenseurs qui ne sont souvent que quelques dizaines de soldats. Une brèche est nécessaire et plus elle sera grande, plus les assaillants pourront s’y engouffrer rapidement.
Les murs d’une fortification ont une épaisseur de 2 à 5m et sont constitués d’un double parement de pierres taillées ou de moellons correctement appareillés, entre lesquels sont placés des pierres et gravats correctement calés et pris dans un bain de chaux. Le parement répartit les chocs et le remplissage intérieur permet de les encaisser sans renverser le mur (la chaux reste malléable tout en liant les pierres).
Malgré cela, il existe plusieurs solutions pour créer une brèche dans un mur :

  • Les entrées permettent de laisser passer de larges charrois en temps de paix. En cas de siège, il s’agit donc du principal point faible de la fortification. C’est pourquoi elles seront souvent bien mieux protégées.
    Une solution courante et peu onéreuse pour les assaillants sera donc d’utiliser un bélier (avec ou sans charpente de protection) pour défoncer les portes, mais en sachant que les pertes seront importantes. À la fin du Moyen Âge, les dispositifs de protection seront tels qu’il sera presque impossible de passer par la porte d’une fortification (double tour, assommoirs, nombreuses archères, herse, pont-levis…), sauf par la ruse !
  • Lorsque les travaux d’approche permettent à l’assaillant de s’approcher directement contre le mur et avec une grande sécurité (sape ou mine généralement). Il est alors possible de creuser à travers la fortification à l’aide de pioches, ou d’autres méthodes. Le but ne sera pas de la traverser entièrement (le sapeur serait directement tué), mais plutôt d’ébranler la structure du mur sur une bonne épaisseur, tout en le maintenant en place à l’aide de poutres en bois. Le feu est ensuite mis à ces poutres, et avec leur destruction, la muraille doit alors s’effondrer (si tout a été correctement réalisé).
    L’assaillant se fera souvent repérer (sauf parfois en souterrain avec une mine), les défenseurs pourront alors tenter de les arrêter ou créer une deuxième ligne de fortification en bois et en terre derrière. De même, certaines fortifications avaient des arcs de pierre intégrées à leur mur afin d’éviter que toute la muraille ne s’effondre en sapant sa base.
  • Pour effectuer une brèche sans risquer de perdre des hommes, la solution la plus efficace sera de lancer de très lourdes pierres sur la muraille (plus de 100 kg). L’idéal sera de frapper de nombreuses fois au centre d’un mur ou à l’endroit des archères d’une tour (point faible). Pour ce fait, il faut alors faire appel aux plus gros engins balistiques à balancier (trébuchet et mangonneau). Si ces machines sont bien calibrées et orientées, placée à bonne distance du château, alors une brèche sera réalisée après quelques heures. Il est presque impossible de stopper ces machines si les défenseurs ne parviennent pas à bloquer sa construction en y mettant le feu.
    Ces machines étaient certainement, au Moyen Âge, les plus impressionnantes (d’où l’intérêt d’Hollywood), mais c’étaient des dispositifs longs et chers qui demandait des ensgingnors ayant des connaissances spécifiques, d’où une relative rareté.
  • La dernière méthode pour créer une brèche sera avec l’artillerie à feu. En effet, les plus grandes bombardes étaient très lourdes et lentes, mais aucune fortification médiévale ne pouvait leur résister. Les très hauts murs étaient nécessaires pour stopper l’assaut à l’échelle, mais devenaient un point faible face à la puissance des bombardes qui les faisaient basculer. La fortification devra s’enterrer et être adossée à un grand massif de terre pour résister au choc, ce qui modifiera totalement la forme de l’architecture militaire à la toute fin du Moyen Âge.

 

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Texte : Fabien Houssin

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