Les travaux d’approche permettront à l’armée des assaillants d’avancer le plus près possible du mur tout en étant bien protégé, à l’abri des projectiles lancés par les défenseurs. En effet, un minimum de pertes humaines durant la phase d’approche du mur offrira le maximum de chance de prendre la place forte durant le combat qui suivra. Les travaux les plus élaborés permettront de monter un grand nombre de soldats en haut des murs et sans en perdre!

 

Point de vue historique

Au début du Moyen Âge, la solution principale était de se protéger derrière son bouclier personnel et de s’approcher le plus rapidement possible afin d’éviter les projectiles des défenseurs. Toutefois, il est probable que l’incendie permettait de bruler les buissons, les ronces, les arbres abattus laissés par les défenseurs pour ralentir l’assaut. Sinon, les travaux d’approche se limitaient à se frayer un chemin au plus proche de la fortification durant l’assaut. Ce qui facilitait la progression des soldats suivants. Les travaux d’approche étaient donc limités.

À partir du XIIe siècle, avec la redécouverte des techniques de sièges plus élaborées, les travaux d’approche prennent une tout autre ampleur, car elles doivent aider à mettre en place les étapes suivantes du siège, mais aussi les fortifications ont évolué pour ralentir les assaillants tout en protégeant les défenseurs. L’approche d’une fortification devient donc bien plus compliquée et risquée!

 

L’utilité des travaux d’approche

• Préparer le terrain avant l’assaut : retirer les pièges, couper les branches, buissons, ronces et les éléments freinant l’accès à la fortification…
• Permettre à certaines machines de siège de s’avancer contre la muraille : combler les fossés, préparer les surfaces pour faire rouler les machines…
• Permettre aux troupes de s’approcher des murs en sécurité (pour tenter de les affaiblir ou mener l’assaut) ou d’arriver directement en haut des fortifications. Il pourra s’agir de palissades, de tranchées ou encore de machines défensives.

Les travaux d’approche sont donc surtout défensifs, même si certaines techniques se prolongent dans un but offensif (assaut ou création d’une brèche). L’approche prépare donc l’assaut et diffère du blocus par l’endroit où elle est réalisée. En effet, ce dernier se situe hors de portée des défenseurs alors que l’approche consiste à contrôler une zone située sous le tir ennemi.

 

La riposte

Pendant ce temps, les défenseurs tenteront de tuer les hommes s’approchant trop près en leur lançant des flèches, des carreaux, des boulets, des pavés, des troncs, des roues, des tuiles, de la chaux ou de l’eau bouillante… tout ce qui se trouve aisément à portée de main à l’intérieur de l’enceinte. De même, la nuit tombée, il n’est pas rare que les défenseurs ouvrent les portes et détruisent les travaux réalisés les jours précédents.

Les organes défensifs (archères, hourds, mâchicoulis…) offrent une très bonne protection : les défenseurs ne risquent pas grand-chose. Cachée, une poignée d’hommes est capable de tuer bon nombre d’assaillants qui ne pensent pas toujours à se protéger efficacement durant leurs travaux d’approche.

 

Les différentes techniques employées

Les travaux de préparation du terrain

Ils sont essentiellement de trois types :
Le défrichage du terrain est indispensable. En effet, si les défenseurs ne laissent pas d’endroits où les assaillants pourront se protéger ou se cacher (hauts rochers, troncs d’arbres…), ils placeront souvent de nombreux éléments ralentissant la progression de l’assaut. Il pourra s’agir de branches, de ronces, d’eau, de pièges (pieux cachés dans le sol, éléments métalliques…). Les assaillants devront donc se faciliter la progression jusqu’à la muraille en défrichant le terrain autant que possible.

Le comblement des fossés est un travail d’approche indispensable pour laisser certains engins s’approcher des murailles (chat et beffroi par exemple), mais aussi pour de nombreuses autres techniques de siège, comme l’échelade (assaut à l’aide d’échelles). En effet, il n’est pas possible d’arriver à proximité de la muraille si un fossé rempli d’eau ou de ronce empêche l’accès.
On utilise ce que l’on trouve dans les villages alentour : terre, fascines, branches, tronc, madriers, palissades, tout ce qui est à portée de mains et facilement transportable. Cela se fera au grand péril des assaillants avec de faibles protections (pavois ou mantelets).

La préparation du terrain est nécessaire pour certaines machines de siège devant s’approcher de la fortification. Il pourra s’agir juste d’aplanir les terres afin d’empêcher que la machine ne se bloque dans un trou. Mais il peut aussi s’agir de réaliser des planchers en bois afin d’éviter qu’elles ne s’embourbent et faciliter le chemin des machines les plus lourdes comme le beffroi par exemple.
Selon les types de terrain, il peut être utile de rectifier des buttes, de retirer des rochers, de placer une structure sur piliers… mais en montagne, il est évident que ces travaux ne sont pas toujours réalisables.

 

Les protections

Les protections individuelles

D’une manière très large, il peut s’agir de l’armure et du bouclier des soldats. Toutefois, il existe des protections mobiles que l’on utilise pour s’approcher de la fortification, mais qui seront laissées ensuite sur place durant l’assaut. De grands pavois en bois ou mantelets qui permettent de protéger un arbalétrier par exemple ou quelques soldats.

Les engins défensifs mobiles

Il s’agit de structures construites à l’intérieur du campement des assaillants et destinées à protéger un grand nombre de soldats. Pour déplacer l’engin, ces derniers devront le pousser ou utiliser un système de poulies et de cabestan.
La plupart de ces engins sur roues devront toutefois nécessiter d’autres travaux (comblement de fossé, plancher) afin de s’approcher au plus près de la fortification.
Il existe surtout trois types d’engins :
– les chats (tortues ou vignes), sorte de charpente mobile avec toiture qui permet de s’approcher de la muraille et qui abrite parfois un bélier qui pourra défoncer des portes.
– Les beffrois qui sont de grandes tours d’assaut qui abritent les soldats sur plusieurs étages et leur permet de déboucher en haut de la muraille.
– Les ponts mobiles qui permettent de traverser le fossé situé en bas de la muraille.

Les protections linéaires fixes

Les protections en bois
Elles s’apparentent à une extension de la structure du blocus, mais en plus léger. Il s’agira souvent de palissades se rapprochant de la place forte. Une toiture de bois peut aussi être ajoutée surtout là où l’on se rapproche des fortifications (tir plongeant possible). Si cette ligne de protection, correctement réalisée, est très efficace durant l’assaut (à l’abri des projectiles jusqu’en bas des murailles), elles seront toutefois très risquées pour les personnes qui la construisent, car ils sont à portée des flèches. Les défenseurs tenteront souvent de la détruire en sortant du château.

La tranchée ou sape
Il s’agit d’une solution plus lente que la palissade, mais qui offre toutefois une meilleure protection. Elle n’est toutefois pas toujours réalisable selon le type de sol (ou en augmentant considérablement de temps de réalisation). La destruction de ces travaux de terre est aussi plus difficile, à moins de réussir à les inonder ou de les faire ébouler.
La tranchée consiste à s’approcher de la muraille en creusant sur 1 à 2m de profondeur. Les terres extraites permettent de réaliser un merlon de terre le long de la tranchée afin d’améliorer la protection et sa hauteur effective. Elle sera recouverte de planches durant la réalisation, d’où une bonne protection des travaux et des ouvriers. Elle est toutefois aisément détectable par les défenseurs de la place forte.

La mine
Il s’agit ici de creuser un tunnel souterrain menant jusqu’à la fortification. Cette solution très efficace est toutefois très longue (la technique sera facilitée avec l’apparition de la poudre noire). Il faudra soutenir les terres et les retirer progressivement du tunnel. Elle offre toutefois une protection optimale et elle est aussi difficilement détectable par la défense du château.
Les solutions pour repérer les galeries de mine :
– placer des bassines d’eau et vérifier qu’il n’y a pas de coups réguliers qui font vaciller la surface du liquide
– vérifier si les assaillants ne déblayent pas de terre excessivement depuis leur campement (ils tenteront de le cacher).
– Des galeries de contre-mine (parfois inondables) peuvent être réalisées afin de retrouver les assaillants sous terre.

 

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Texte : Fabien Houssin

CC BY-NC-SA 4.0