Le séchage du bois est une étape essentielle pour la facture d’arc, car avant celle-ci l’arc ne devra pas être bandé ni armé sous peine de perdre en efficacité. C’est donc une étape charnière, mais qui peut être déplacé à différents moments de la réalisation de l’arc.
En effet, la plupart des étapes précédentes peuvent être réalisées après séchage, ce qui peut toutefois avoir certaines conséquences.
Nous optons pour placer le séchage du bois le plus tard possible pour plusieurs raisons :
– Le bois vert est plus aisé et rapide à travailler à la plane.
– Un arc dégrossi séchera beaucoup plus rapidement qu’un tronc tout juste abattu et aura moins de risque de se fissurer.
– Durant le séchage, il est possible de corriger de légères courbures ou d’améliorer les performances de l’arc, mais cela ne sera possible qu’avec un arc dégrossi.

Bien sûr, cela implique de réaliser les premières étapes durant les premiers mois après la coupe de la branche (si le bois est stocké à l’extérieur), voir même le plus rapidement possible dans les jours après la coupe.

 

LES ARCS DE BOIS VERT

Depuis le début du texte, nous parlons toujours du séchage comme d’une étape indispensable, mais est-il possible de réaliser des arcs de bois vert ? Oui, bien sûr ! Ce sera d’ailleurs beaucoup plus simple, car le bois vert est plus flexible et aura peu de risque de casser.
À chaque fête médiévale, des visiteurs nous parlent qu’ils réalisaient des arcs à partir de fines branches de noisetier lorsqu’ils étaient enfants et qu’il suffit qu’y placer une corde entre les extrémités. Ce principe est très ancien et il s’agit certainement du premier arc jamais inventé par l’être humain… avant que les hommes de la préhistoire n’améliorent les performances de leur outil de chasse !

En réalité, l’arc de bois vert à plusieurs grandes imperfections :
– Il ne restera vert que quelques mois ou semaines (selon l’endroit stocké), ces performances varieront donc durant ce temps.
De plus, une fois sec, l’absence d’équilibrage ne permettra pas au bois de résister aux contraintes de flexion.
– L’absence d’équilibrage le rendra aussi très peu efficace, sans compter que le bois vert est plus lâche et reviendra moins vite en place.
– Même avec un tillering (équilibrage) parfait, le bois vert conserve la courbure qu’on lui donne en armant l’arc, ce qui diminuera ces performances.
– En plus de conserver une courbure, le séchage peut aussi faire vriller le bois ou lui donner une courbe inattendue.
– Le bois vert a plus de risque d’être attaqué par les parasites et les champignons.

Pour ces différentes raisons, les arcs de bois vert resteront plutôt des jeux d’enfant. Toutefois, nous avons pu lire que certaines tribus amérindiennes utilisaient leur arc directement après l’avoir terminé. Il s’agit, semble-t-il, d’arcs très courts, larges et très fins (temps de séchage réduit), mais aussi d’arcs renforcés au tendon ce qui peut avoir une influence (précontrainte évitant au ventre de l’arc de se comprimer).
De plus, le tendon doit malgré tout être séché quelques jours sinon il se décollerait, ce qui laisse un peu de temps au bois pour sécher malgré tout.

 

LE PRINCIPE DU SÉCHAGE

Le bois sèche lorsque l’humidité à sa surface s’évapore dans l’air ambiant. En même temps, le bois tend toujours à retrouver un équilibre par rapport à l’ambiance hygrométrique voisine, les cellules de bois plus sèches absorbent donc l’eau des cellules voisines plus humides. L’eau située au cœur du bois migre donc petit à petit vers la surface en contact avec l’air ambiant.
Pour cette raison, plus la section du bois sera épaisse, plus il mettra de temps à sécher puisqu’il y aura beaucoup d’eau à faire évaporer par rapport à la surface de bois en contact avec l’air ambiant, mais aussi, car la migration de l’eau n’est pas instantanée. Celle-ci sera d’ailleurs plus lente pour les bois plus lourds et inversement.
De plus, les écorces plus imperméables limiteront le phénomène d’évaporation. Il sera donc utile de les enlever.
Il sera aussi utile de protéger les bois de la pluie pour éviter que le bois absorbe l’humidité (risque de champignon…) et qu’il faille donc le sécher davantage.

Coupe de principe du séchage d'un bois

Plusieurs éléments sont à prendre en compte dans le phénomène de séchage :

– Le degré d’humidité de l’air ambiant est un paramètre majeur dans le séchage du bois. Plus l’air sera sec, plus le phénomène d’évaporation sera rapide.
Ce qui semble intéressant est en réalité un problème : un air trop sec assèchera trop rapidement la surface du bois (création de fissures à la surface, car le bois de surface se rétracte, mais pas le cœur). Il faudra donc éviter un air trop sec et privilégier d’autres solutions de séchage.

– Le vent augmente le phénomène d’évaporation à la surface du bois. En séchage naturel, il est donc primordial de placer le bois dans un endroit ventilé, et de laisser circuler l’air autour du bois. Ceci sera surtout utile lorsque vous prévoyez de faire sécher plusieurs rondins en même temps (placer des lattes transversalement entre les différents étages de l’empilement pour laisser circuler l’air ou empiler en quinconce).
Le vent ou le déplacement d’air permet aussi de renouveler l’atmosphère saturée en eau autour des bois.

– La température de l’air ambiant est aussi importante, car le phénomène d’évaporation demande de l’énergie (chaleur), mais aussi parce qu’un air chaud pourra contenir un plus grand volume d’eau avant d’arriver à saturation (autrement dit, en élevant la température, le taux d’humidité de l’air diminue, tout en conservant la même quantité d’eau dans l’air).
En été, le séchage du bois sera donc plus rapide vu la température plus élevée, tandis qu’en hiver ce sera surtout le vent qui le séchera.
Il sera préférable de ne pas exposer le bois trop rapidement à une source de chaleur, car il séchera très rapidement en surface et pas au cœur (fissures).

Il sera préférable de ne pas exposer le bois trop rapidement à une source de chaleur, car il séchera très rapidement en surface et pas au cœur (fissures). Privilégiez donc une hausse de température progressive (moins de différence entre l’intérieur et la surface du bois).

– Plus le degré d’humidité du bois est élevé, plus le séchage sera long (logique). Il sera donc préférable de couper les feuillus en hiver, car la sève redescend, l’arbre est donc moins humide (le taux descend de 10% environ).
Toutefois, en hiver il sera plus difficile d’identifier les différentes essences, et puisque le séchage d’un arc ne prend que quelques mois, ce n’est pas toujours utile d’attendre.
Malgré tout, certaines essences sont plus gorgées d’eau que d’autres : nous avons lu que le peuplier peut atteindre plus de 100% d’humidité (poids d’eau plus important que le poids du bois), ou encore que le frêne et le robinier n’auront que 30-40% d’humidité lors de l’abattage (ce qui est logique puisque ce sont des bois plus lourds).
Le tronc sera aussi plus sec que les branches, et l’aubier sera toujours plus humide que le duramen.

– La largeur et la composition des cernes auront un effet sur le séchage du bois. Les cernes sont constitués de fibres poreuses (bois plus clair) produites au printemps et de fibres plus denses (bois plus foncé) réalisées en été.
Les bois ayant des cernes serrés seront peu sujets aux déformations et fissures. Le séchage sera moyennement long.
Les bois contenant beaucoup de bois de printemps (poreux) seront plus délicats à sécher, mais cela sera plus rapide.
Les bois contenant beaucoup de bois dense (bois lourds) seront plus longs à sécher, et seront plus sujets aux fissures.

 

En résumé, le bois séchera plus rapidement si :
la section est petite,
– la surface de contact avec l’air est grande,
– la surface est perméable (retirer l’écorce),
– le bois est léger et avec des cernes de printemps épais,
– l’air ambiant est sec (à éviter),
la température ambiante est élevée,
l’air est renouvelé rapidement (ventilation),
– le taux d’humidité interne du bois est bas.
À noter que les fibres coupées (extrémités et ventre de l’arc) sécheront plus rapidement que les fibres non coupées (côté écorce).

Le phénomène d’évaporation sera surtout dépendant de l’ambiance extérieure tandis que la migration de l’eau est surtout influencée par la structure du bois, son essence (donc peu modifiable par le facteur d’arc).

Pour plus de détails sur le séchage du bois, ce site est très complet (lire aussi les autres articles afin de tout connaitre du matériau bois). A lire aussi : 1   2   3   4

 

LE SÉCHAGE NATUREL

On appelle généralement « séchage naturel » le fait de laisser le bois sécher à l’air libre (avec ou sans protection contre la pluie).

Dans le cas de bois de charpente, on coupera souvent des poutres avant séchage, tandis que pour un arc, il s’agira plutôt de faire sécher le tronc sans y avoir touché pendant plusieurs années. Ce séchage empirique est effectivement le plus courant, considéré comme le seul approprié par de très nombreux facteurs d’arc traditionnels.
En réalité, cette idée a une origine très lointaine. Au début du XXe siècle, il s’agissait encore de l’unique système de séchage des bois (pour la charpente, les meubles…).

Les connaissances empiriques de cette époque nous permettent toutefois de donner quelques règles assez simples pour le facteur d’arc amateur : Les bois lourds sèchent d’environ 1 centimètre par an (à compter à partir du cœur) et les bois légers ou résineux sèchent d’environ 2 cm par an.
Toutefois, en élevant le bois à plus de 40cm au-dessus du sol et en s’assurant d’une bonne ventilation, le bois séchera bien plus rapidement.
De plus, le temps de séchage est exponentiel par rapport à son épaisseur et une branche de 2 cm de diamètre séchera en quelques mois, tandis qu’une poutre carrée de 20cm de côté prendra plus de 10 ans à sécher.
Pour améliorer le rendement, il sera donc utile de refendre le bois et surtout de dégrossir l’arc.

Le séchage naturel aura un grand avantage : limiter la différence hygrométrique entre le cœur et la surface du bois, ce qui limitera les fentes. Il s’agit certainement de la principale raison pour laquelle il a longtemps été considéré comme meilleur.
Outre la durée beaucoup plus importante, ce type de séchage aura deux gros inconvénients :
– Il est très dépendant du climat extérieur (séchage beaucoup plus rapide en été qu’en hier, en période sèche qu’humide, dans les régions plus chaudes…). Par exemple, un séchage trop rapide en cas de canicule soudaine peut créer des fissures dans le bois surtout s’il est laissé au soleil.
– L’équilibre hygrométrique sera de 14 à 20 % (selon l’essence et le climat), ce qui n’est pas suffisant pour un arc qui doit descendre à un taux d’humidité à 8-12% (comme pour les meubles et les parquets puisqu’il sera stocké dans une habitation). Il faudra donc rentrer le bois quelques semaines avant de réaliser un arc.

Le mode de séchage ancien été souvent associé à d’autres pratiques, comme celle qui consiste à immerger le bois pendant plusieurs mois afin d’en faire partir la sève et l’amidon ce qui limite les attaques d’insectes. Toutefois, il n’est pas certain que cela soit utile pour la facture d’arc.

 

LE SÉCHAGE ARTIFICIEL

Par opposition au séchage naturel, il s’agit des modes de séchage permettant de stocker le bois moins longtemps (et donc de réaliser l’arc plus rapidement).
De nombreux facteurs d’arcs traditionnels jureront que seul le séchage naturel permet de réaliser un arc. Toutefois, Tim Baker, qui apprécie démystifier la pratique, a réalisé des milliers d’arcs à partir de planches dont une partie a, de toute évidence, été séchée de manière industrielle.
En effet, il n’existe qu’un principe de séchage du bois : faire migrer l’eau du centre vers la surface de la pièce de bois, là où elle pourra alors s’évaporer. Du moment qu’aucune fissure ou déformation n’apparaissent, le résultat sera donc identique entre séchage naturel ou artificiel.

Les industries modernes emploient toutes sortes de solutions permettant de sécher le bois rapidement (environ 10 à 30 fois plus rapidement), toutefois, dans le cas d’un arc, ce sont des moyens démesurés. Ce qu’il faudra retenir, c’est que les solutions modernes soufflent généralement un air chaud et humide afin de sécher le bois. La chaleur fait migrer l’eau vers l’extérieur, mais l’humidité évite qu’elle ne s’échappe trop rapidement.
Un air chaud et sec a été utilisé au début du XXe siècle, ce qui engendrait des fendillements en surface qui se prolongeait en interne avant de se refermer et de donner l’impression que le bois est sain (d’où une méfiance pour le séchage trop rapide).

Le séchage industriel est compliqué et implique de changer régulièrement de température et d’hygrométrie ambiantes, ce qui ne sera pas possible pour le facteur d’arc amateur.
Nous agirons donc de manière plus artisanale : stocker le bois dans un local chauffé, mais surtout, réduire le volume de bois à sécher en le dégrossissant avant séchage.
L’idéal sera toutefois de placer l’arc dans des locaux de plus en plus chauds : séchage extérieur sous abri pendant 1 semaine, dans un garage la semaine suivante, puis dans une pièce de l’habitation. Il sera possible de terminer le séchage à proximité d’une source de chaleur (radiateur, foyer…), mais les risques de fissure augmenteront.
Dans la plupart des cas, l’arc dégrossi sera suffisamment sec après 3 semaines, mais par sécurité, il est préférable de prolonger d’une semaine ou deux, surtout pour les bois lourds ou très humides lors de l’abattage.

Il est très rare que nous ayons eu des fissures avec cette méthode (5% des arcs peut-être) et il s’agit de fissures soit aux extrémités (couper 5-10cm si nécessaire), soit superficielles sur le ventre de l’arc, là où en donnant un coup de plane il sera rapide de les faire partir.
Sans avoir testé jusqu’à présent, il pourrait être utile d’humidifier régulièrement la surface du bois pour éviter un séchage trop rapide.

Le taux d’humidité du bois devra descendre à 8-12% pour réaliser un arc (humidité uniformément répartie au sein de la pièce de bois).
Il sera possible de contrôler ce taux avec des testeurs mesurant la conductivité électrique (attention qu’ils testent généralement l’humidité superficielle, donc pas au cœur du bois).
L’autre solution sera de peser régulièrement le bois en train de sécher. Lorsque son poids sera stabilisé pendant plusieurs jours/semaine, il sera alors en équilibre avec l’humidité ambiante.

 

LES FISSURES ET DÉFORMATIONS

Que le séchage soit lent ou rapide, les fissures doivent être évitées autant que possible afin d’améliorer la durée de vie des arcs. Les déformations, quant à elles, pourront réduire à néant le travail entrepris jusqu’à présent si elles sont trop importantes.

Les fissures ne signifient pas toujours la casse de l’arc, mais il faudra toutefois les surveiller régulièrement pour vérifier qu’elles ne s’agrandissent pas. Les fissures à la poignée du flatbow sont moins dangereuses que celles situées aux branches puisque ce type d’arc ne plie pas au centre.
De plus, les fissures situées sur les faces latérales de l’arc seront plus dangereuses que celles sur le dos ou le ventre. Les premières auront tendance à séparer l’arc sur son épaisseur ce qui entrainerait sa casse, alors que les secondes pourraient fendre l’arc en deux parties qui continueront de plier ensemble à condition que les poupées les maintiennent toutes les deux (en injectant de la colle, la résistance de l’arc ne sera pas remise en question).

 

– L’origine du phénomène –

Au-dessus de 25-30% d’humidité, l’eau (appelée « eau libre ») remplis les vides entre les cellules de bois, ce qui n’a pas d’effet dimensionnel : le bois ne subit pas de variation de volume, ni de déformation.
Après un certain temps de séchage, lorsque le bois descend sous le seuil de 25-30% d’humidité, l’eau qui s’échappe en séchant est dite « d’imprégnation », elle remplit les parois des cellules de bois (dilatation des cellules en quelque sorte). En desséchant le bois en dessous de ce seuil, ces dimensions diminueront. C’est ce qu’on appelle le retrait.

les retraits lors du séchage

Ce sera donc sous ce seuil qu’apparaissent les déformations et les fissures, car le bois subit des contraintes dimensionnelles qui ne sont pas uniformes :
– Le retrait sur la longueur de la branche est peu significatif (retrait axial de 0.1 à 0.2 %).
– Le retrait radial est de 5 à 6 % (diminution du diamètre de la branche).
– Le retrait tangentiel est de l’ordre de 10 à 15% (diminution selon la circonférence de la branche).

 

– Éviter les fissures –

fissures en surface lors due séchage

Les fissures apparaissent généralement lorsque le taux d’humidité à la surface du bois est inférieur à l’humidité au cœur du bois. Le bois commence à se rétracter en surface alors qu’en son cœur, il conserve ces dimensions. L’enveloppe est trop petite pour le contenant et se fendille. Ces fentes se prolongent souvent ensuite profondément jusqu’au cœur.

Plusieurs solutions permettent d’éviter ce phénomène :

– Allonger le temps de séchage
Plus on laisse le temps à l’eau de migrer vers la surface du bois, moins le risque de fissure sera grand (mais il faudra attendre parfois plusieurs années).
Il faudra aussi surtout éviter un séchage trop brusque de la surface (vent, soleil, chaleur…)

– Diminuer la section du bois
Plus le cœur du bois sera éloigné de la surface, plus il y aura de risque d’avoir une différence hygrométrique (temps de migration plus important) et donc d’avoir la formation de fissure. Un arc dégrossi limitera donc les risques.

– Retirer le cœur de la branche
En laissant un tronc entier, le retrait radial (dans l’épaisseur du bois) sera plus lent que le retrait tangentiel (dès la surface du bois). Ce dernier étant plus important, il y aura donc de gros risques de fissures.
En séchage rapide, il sera donc toujours préférable de refendre le tronc au moins en deux avant séchage. Sinon, il sera aussi possible de faire une entaille d’un centimètre de profond sur la longueur de la pièce, pour que le bois se craque à un endroit désiré plutôt qu’à différents petits endroits (plus de perte dans ce cas).
Pour les grosses sections (25 cm ou plus), il nous semble presque impossible de sécher le bois sans fissure si le cœur est conservé (en attestent les anciennes poutres maitresses dans les vieilles constructions qui sont toujours fissurées).
Les flatbows réalisés à partir d’une fine branche conserveront généralement le cœur à l’endroit de la poignée. C’est donc un endroit plus sujet aux fissures. Pour limiter au maximum, il faudra dégrossir la poignée et éviter un séchage trop rapide de l’arc (surtout à cet endroit).

pas de fissures si fendu avant séchage

– Imperméabiliser les extrémités
La circulation de l’eau dans le bois sera plus rapide dans le sens longitudinal que dans le sens radial ou tangentiel. Pour cette raison, le bois séchera plus rapidement à ces extrémités, ce qui pourra donc y créer des fissures.
Pour limiter ce phénomène, il est recommandé de placer un verni, une peinture imperméable, du silicone ou de la colle à bois sur les extrémités, mais aussi à l’endroit des branches recoupées (ce qui permet de limiter l’évaporation à ces endroits). Toutefois, si l’arc est bien dégrossi, les fissures n’apparaitront que très rarement aux extrémités.

– Retirer les fissures existantes
Les fissures lors du fendage ou de la coupe de l’arbre offrent une surface de contact supplémentaire avec l’air ambiant, ce qui a pour conséquence un séchage plus rapide qui agrandit les fentes existantes. Il faudra donc les retirer à la plane ou recouper les extrémités du bois de manière nette.

– Éviter les bois sujets aux fissures
Certains bois sont moins sujets aux fissures superficielles ou internes (les bois légers généralement). Toutefois, dans le cas de la facture d’arc, il y aura d’autres critères pour le choix de l’essence.

 

– Éviter les déformations –

Les déformations sont les conséquences des retraits qui peuvent s’effectuer différemment à certains endroits du bois (aubier et duramen, à cause de nœuds…) ou à cause de contraintes difficiles à identifier (vent qui a contraint l’arbre tout au long de sa vie…).

Pour éviter ou limiter les déformations, il n’existe pas beaucoup de solutions :
– Entreposer correctement le bois durant son séchage afin de ne pas ajouter des contraintes supplémentaires (bois stocké en oblique contre un mur, ou entre deux appuis espacés) et empiler correctement les bois s’il y en a beaucoup à sécher.
– La première solution n’empêchera pas certains bois de se courber, il faudra donc maintenir le bois sur un chevron solide par exemple, ou en lier les différents morceaux fendus entre eux (corde les enroulant).
La solution de ne pas refendre le bois permet de limiter fortement les déformations.

Il est important de noter que certaines essences sont beaucoup plus sujettes aux déformations. En effet, les bois peuvent être classés selon leur coefficient de rétractabilité volumétrique (et donc les risques de déformations) :
Les bois très nerveux comme certains chênes, le charme, le robinier, l’eucalyptus… Ce sont des bois ayant beaucoup de risque de déformation ce qui implique de les lier sur un support résistant.
Notre expérience avec le robinier nous a valu la création d’un arc-cerceau (le bois s’était recourbé sur lui-même au point de s’approcher du cercle complet à 40cm près), mais aussi la casse d’un chevron ainsi que d’une porte sur laquelle avait été fixé le bois !
Les bois moyennement nerveux utilisés régulièrement en charpente ou en construction.
Les bois peu nerveux ou gras qui ont peu de risque de déformation majeur. Ils sont régulièrement utilisés en menuiserie et ébénisterie : Noyer, frêne, peuplier, résineux, chêne tendre, orme, tilleul…

Les déformations longitudinales seront très importantes pour l’efficacité de l’arc et ses performances. Toutefois, la section de l’arc se déformera également suite au retrait du bois.
Ces déformations sont importantes dans le cas d’une poutre standardisée ou qu’une tranche de bois, mais dans le cas d’un arc, ceci sera peu signifiant.
D’une manière générale, les sections d’arc rectangulaires ou carrées auront tendance à s’arrondir légèrement, alors que le dos des longbows en D deviendra plus aplati. Ceci est peu significatif à l’échelle d’un arc, un coup de plane redonnera une section plus carrée si c’est une volonté.

section des arcs, différetnes déformations dues au retraits

 

NOTRE EXEMPLE

– Tirer profit du séchage –

Dans notre exemple, nous allons tirer profit de la malléabilité du bois vert. En effet, sur une faible section comme celle d’une ébauche d’arc, il est possible de contraindre le bois vert sur un chevron afin que l’arc conserve cette forme après séchage.

Cela peut avoir plusieurs avantages :
– Redresser un bois un peu trop tordu ou dont les extrémités et le centre ne sont pas alignés.
– Améliorer l’efficacité de l’arc final. Il sera, par exemple, possible de lier un bois naturellement deflex sur un chevron droit afin de diminuer son deflex. L’autre possibilité sera de lier un arc droit ou presque sur un chevron courbe afin de le rendre reflex.

Dans notre cas, nous avons trouvé des bois courbes utilisés pour les palissades de jardin. Mais il est aussi possible de couper une poutre 7×18 selon un arc de cercle. Le principal sera d’avoir un chevron assez résistant pour pouvoir plier l’arc contre celui-là sans qu’il bouge (il devra être d’autant plus résistant pour les bois très nerveux).
Il ne faut pas utiliser de chevron trop courbe, car il serait impossible de plier l’arc suffisamment sans le casser (et même si vous arrivez à le sécher ainsi, l’arc final ne pourra résister à un trop grand reflex). Et si l’arc ne touche pas le chevron, il pourrait bouger ou vriller ensuite en séchant.
L’idéal sera un reflex de 10-15 cm pour le chevron et donc le futur arc.

Le plus simple sera de maintenir le centre de l’arc avec un serre-joint (sans endommager le bois) et de pousser sur les extrémités jusqu’au chevron.
Si c’est trop dur, un autre serre-joint permettra de forcer un peu, mais attention que le bois vert n’est pas incassable. Si c’est le cas, l’arc n’est pas assez dégrossi, il est trop puissant ou encore il a un deflex naturel trop important.
Il est utile de retirer les fentes sur le ventre de l’arc, car en forçant dans le sens inverse de sa future utilisation, il aura plus de risque de casser.

L’idéal sera d’enrouler une corde (chevron et arc) tout au long du bois pour bien les maintenir ensemble et éviter des déformations localisées. Sinon, avec 5-6 liens (ou serre-joints) tout au long du bois, cela pourra aussi convenir.
Une fois l’arc bien ficelé, il ne reste plus qu’à le faire sécher … naturellement (mais alors il va réquisitionner votre chevron pendant plusieurs mois) ou artificiellement.Sur forme pour sécher

– Le séchage –

Dans notre cas, nous optons pour le séchage « rapide », les arcs seront stockés quelques jours dans un garage avant de les rentrer à la maison.
Après 4-5 jours dans une pièce chauffée, on peut observer que l’arc a déjà pris la forme du chevron, les liens ne sont plus tendus. Il sera toutefois préférable de les laisser une semaine de plus. Il sera ensuite possible de retirer le chevron (si vous en avez besoin pour un autre arc en cours), l’arc pourra terminer son séchage sans chevron. À ce moment, le bois doit surtout stabiliser son niveau hygrométrique, il ne bougera plus.

Il sera possible d’utiliser un testeur d’humidité tout au long du séchage, mais l’indicateur des cordes détendues est souvent suffisant.
Pour les personnes pressées, il sera possible de commencer le tillering quelques jours après que l’arc reste en forme, il sera utile de ne pas trop plier l’arc au début toutefois. Cela permet de le dégrossir un peu plus pour raccourcir encore le temps de séchage. Arcs secs

 

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Texte, photos & schémas : Fabien Houssin

CC BY-NC-SA 4.0